HORS-LA-LOI Quand la pomme ne tombe plus

Le recueil de nouvelles 2012 vient de paraître !

Recueil Nouvelles Avancées 2012


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Eaux d'ici, eaux de là : 2012 - L’Odyssée de l'eau

Un clic, un bug...

 Le recueil de nouvelles Eaux d'ici, eaux de là : 2012 - L’Odyssée de l'eau vient de paraître aux Presses de l'ENSTA.
Prix : 8,10 euros.
 Découvrez-y les dix lauréats de notre précédent concours !


Pour commander le livre, s'adresser à :
presses@ensta.fr
ou à n'importe quel libraire.


EXTRAIT - 1er Prix « Elèves »


Le Poids d’une goutte d’eau
par Vianney Bœuf, École Polytechnique


[…]

 Avec un grand soupir de soulagement, Seffo reposa l’outil et s’essuya le front. Il s’était escrimé une heure tout au plus, cela avait été à peu près, et tout était désormais opérationnel. Bientôt, là-bas, au village, Maryim verrait couler les premières gouttes de cette eau qui prenait source ici à Betelmeh. Il faudrait peu de temps pour qu’elle envahisse de nouveau la canalisation qui courait à travers le désert, à peine enterrée sous le sol, telle que l’avait posée autrefois Seffo, et pour qu’elle apporte là-bas leur seule ressource face aux coups du destin, face aux humiliations de ceux qui rationnaient l'eau publique et la distribuaient à leur convenance. En réactivant une nouvelle fois la source, Seffo sentait un inhabituel plaisir monter en lui. Un plaisir à la fois instinctif, bonheur de l’homme qui a soif et qui trouve de l’eau, à la fois altruiste, satisfaction du service rendu à la famille, au village, un plaisir vengeur aussi, jouissance à l’idée de cette évidente provocation, de cette résistance magnifique à l’occupation.

 Il se hâtait au moment de reprendre son chemin. Le soleil déjà dégageait péniblement du désert sa lourde masse rouge et mieux valait rentrer au plus vite, faire disparaître cette ombre qui s’étalait trop visible devant lui, silhouette démesurément allongée sur la plaine sans relief. Le village était déjà en vue et tout en marchant, il devinait là-bas son épouse dans la maison. Elle pensait à lui, il le savait, elle s’inquiétait mais ils étaient ensemble, en communion par l’eau qui coulait il ne savait trop où mais il l’imaginait sous ses pieds. Ce ruissellement discret de l’eau vers le village, c’était le lien qui le reliait à la vie, au doux cocon protecteur du foyer, dont les contours se dessinaient peu à peu.

 Au loin, il entend le rugissement d’un moteur, puis quelques cris secs dans cette langue qu’il ignore et qu’il abhorre. Il hâte le pas, il espère encore, après tout il n’est rien, rien qu’un homme désarmé sur une terre aride.