© Concours de Nouvelles
« Ô lumière ! Où vas-tu ?
Globe épuisé de flamme, nuages, aquilons, vagues, où courez-vous ? »
Alphonse de Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses (1830)
« La beauté de la lumière ne se peut pas mesurer exactement au photomètre »
Paul Souriau, L’esthétique de la lumière (1913)
« Les fripons redoutent la lumière »
Petit Larousse illustré, article « Lumière » (1905)
« Le cinéma, c’est l’écriture moderne dont l’encre est la lumière »
Jean Cocteau
La lumière fascine l'humanité depuis les premiers temps. Duelle dans sa modélisation physique, corpusculaire ou ondulatoire, la lumière, visible ou invisible, est indispensable à une certaine perception du monde et en particulier à celle des couleurs. Associée à d'illustres scientifiques (Einstein, mais aussi Fermat, Descartes, Huygens, Newton, Maxwell...), elle se déplace à une vitesse constante que rien ne peut dépasser, elle est absorbée, transmise et réfléchie par la matière avec laquelle elle interagit magnifiquement. Mais la lumière, c'est aussi l'essence de la vie : émise par le Soleil, elle est la source majeure d'énergie des écosystèmes. C'est le cycle des saisons qui rythme faune et flore, par le soleil ainsi divinisé, Roi des rois, Puissance absolue. La « lumière artistique » a fasciné et guidé les peintres les plus illustres, du Caravage aux Impressionnistes, de Rembrandt à Georges de La Tour. Et que dire du siècle des Lumières et de la philosophie des Lumières qui s'opposent tant à l'obscurantisme combattu au 18 e siècle en France et en Europe ? On voit ici combien le mot est associé à la raison, ses acceptions aux idées et son symbolisme au progrès. D'aucuns ont même vu en elle une forme de communion avec le Ciel (la « théologie de la Lumière » transcendée par l'architecture gothique au moyen âge qui en est un exemple saillant). Source de vie et principe vital, la lumière est tout à la fois blanche, blafarde, lunaire, pâle, diffractée ou zénithale, colorée, chaude, ardente et vive, mais aussi pure et limpide. Si elle dénote volontiers l'énergie émanant d'un corps « visible », elle connote depuis la nuit des temps mille et un symboles de l'imaginaire foisonnant des littératures du monde que sont la puissance, le pouvoir, les secrets de la vie, les illuminations, les métamorphoses. Si les arts visuels sont tributaires de la lumière, la photographie puis surtout le cinéma modernes ont quant à eux bien compris tout l'enjeu du pouvoir lumino-cinétique combinant le mouvement à la lumière !
En effet, la photographie, du grec photos (lumière) et graphein (peindre, écrire), n'est pas sans lumière, tant pour magnifier le sujet que pour inscrire l'image sur la pellicule, le capteur, le papier. Tous les plus grands photographes, de Atget à Man Ray, Doisneau ou Cartier-Bresson ont su comprendre et apprécier la lumière, et jouer avec toutes ses nuances, lumière douce ou dure, naturelle ou artificielle, directe, diffuse ou encore réfléchie. Et enfin, quel magnifique coïncidence que les inventeurs du cinéma portent le nom de Louis et Auguste Lumière ! Comme le dit si joliment Jean Cocteau cité plus haut, faire du cinéma, c'est écrire avec la lumière. La lumière est nécessaire pour créer une image, pour projeter les images en mouvements et pour exprimer une vision du monde, une atmosphère ou une émotion. Elle est donc primordiale dans la composition de l'œuvre cinématographique. La lumière a donc été essentielle dans la technique du noir et blanc. Les progrès de l'éclairage ont rendu possible une grande variété de gris entre le blanc et le noir, comme en témoignent des précurseurs tels que Marcel L'Herbier dans L'argent (1928), puis Jean Cocteau dans La Belle et la Bête (1946), ainsi que les cinéastes du réalisme poétique que sont Jean Renoir et Marcel Carné. Comment ne pas évoquer les sublimes films expressionnistes allemands qui expriment toute cette magie de la lumière, ou encore Orson Welles et ses jeux mythiques d'ombres et de lumière dans des films tels que Citizen Kane (1941) ou La Dame de Shanghai (1947) ? Les cinéastes de la Nouvelle Vague se sont aussi emparés de cette palette infinie qu'est la lumière dans les déclinaisons symboliques, dramatiques et esthétiques des blancs et des noirs pour composer des œuvres qui ont marqué l'histoire du cinéma et modifié nos perceptions. Le cinéma contemporain est l'héritier de toutes ces écritures de la lumière.
Cette année, notre concours d'écriture de nouvelles vous offre la possibilité de jouer avec cette énigmatique et fuyante lumière, inaccessible et presque évanescente ! Saisissez cette opportunité (à la vitesse de la lumière ?), si vous le pouvez ! À vos plumes !
Mots clefs : lumière, chaleur, incandescence, optique, clarté, clair-obscur, lumière naturelle / artificielle, cinétique, vitesse, année-lumière, photosynthèse, sciences de la vie, siècle des Lumières, Raison.
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